27 déc. 2010

Joseph Vacher « le Jack l’éventreur français »




Joseph Vacher, quatorzième d’une famille de 15 grandit dans un milieu paysan auprès d’une mère pieuse et atteinte de délires mystiques. Très jeune, il développe une grande agressivité envers les autres devenant tour à tour souffre douleur et diablotin. Orphelin à l’adolescence il passe de l’éducation des religieux à celle des anarchistes de la fin du 19ème siècle avant d’atterrir à l’armée. Après une tentative d’assassinat burlesque sur sa petite amie qui le laissa avec une balle dans la tête (dont il est seul responsable), et bien que diagnostiqué aliéné il est libéré au bout de quelques mois ; il commettra son premier meurtre seulement un mois après. Dès le début, les crimes de Vacher sont particulièrement sanglants. Il étrangle, poignarde, égorge ou encore éventre ses victimes, les corps sont retrouvés mutilés notamment au niveau des organes sexuels, il violait également ses victimes le plus souvent post-mortem. Effectuant des travaux de bergerie ou se faisant embaucher comme ouvrier agricole, il vagabonde dans les campagnes françaises et commet plus d’une vingtaine de meurtres en l’espace de 3 ans. Pour la police, le lien est difficile à faire entre toutes ces affaires. C’est un procureur zélé de Dijon qui va permettre le recoupement d’informations autours du mystérieux nomade du crime qui va attirer l’attention du juge Fourquet personnage indissociable de la légende de Joseph Vacher.
Arrêté pour une affaire d’atteinte aux bonnes mœurs, Vacher va être amené devant le juge Fourquet sous un faux prétexte celui-ci reconnaissant en lui « l’éventreur du sud-est ». De très nombreux entretiens ont alors lieu entre les deux hommes, les aveux qui en ressortent seront l’objet de doutes de même que la reconnaissance par des experts médicaux de la « pleine capacité d’esprit » de Vacher. Le juge Fourquet comme le professeur Alexandre Lacassagne, éminent médecin fondateur des premières thèses d’anthropologie criminelle, étaient des conservateurs farouches partisans de la peine de mort à laquelle ils entendaient bien livrer le « vagabond encombrant ». Vacher, qu’il est était atteint de débilité mentale, de folie pure, d’aliénation, de délires paranoïdes et de persécution, était quoi qu’il en soit « atteint » cela ne faisait aucun doute à l’époque et encore moins aujourd’hui. Mais il fallait un coupable à ses crimes atroces et celui-ci ne pouvait pas bénéficier de la clémence accordée aux fous. Aussi, l’homme qui se baladait toujours avec ses deux balles dans la tête et débitait des invraisemblances à longueur de journée fut condamné à mort à l’unanimité des 12 jurés et exécuté le 31 décembre 1898 à l’âge de 29 ans. La justice l’a emporté sur la psychiatrie…ou peut être pas ?

Les méthodes du juge Fourquet seront désavouées par la suite et Vacher restera dans les mémoires un exemple de ces « fous » condamnés à mort quoique la paternité de ses crimes n’ait pas été remise en cause. Le film français « le juge et l’assassin » mettant en scène Philippe Noiret (Fourquet) et Michel Galabru (Vacher) est un excellent document dépeignant de façon romancé la relation des deux hommes et le cas « Vacher ».

Roberto Succo « Le tueur aux yeux de glace »




Roberto Succo grandit dans une famille italienne de classe moyenne. Il développe très tôt une forte animosité envers sa mère qu’il juge trop autoritaire et possessive. Grandissant, il devient de plus en plus antisocial, ne supportant pas la frustration et se montrant agressif et parfois cruel. A 19 ans, excédé par sa mère qui lui refuse le droit de conduire la voiture de son père, il la poignarde. Il attend ensuite le retour de son père et l’assomme avant de le frapper à coup de hache. Puis il s’enfuit, enfin libre. Retrouvé deux jours après par la police italienne il est interné comme schizophrène pour une période de 10 ans. 5ans plus tard, il est dehors. Commence alors une épopée criminelle à travers l’Italie, la France et la Suisse. Roberto Succo n’avait pas un mode opératoire totalement défini car il en était seulement au début de sa carrière criminelle. On peut toutefois établir qu’il avait une préférence pour les meurtres par armes à feu, le meurtre de ses parents fait exception et restera le plus violent de tous. Tout indique qu’il serait devenu plus violent et cruel s’il avait pu continuer à tuer. Il s’était toujours montré méprisant avec les femmes et commençait à violer ses victimes. Ils avaient aussi pour habitude d’enlever ses victimes et de les retenir en otages quelques temps avant de les relâcher ou de les tuer. Il prenait ses victimes au hasard et agissait par impulsivité. Très égocentrique et capricieux, il tuait les gens qui le gêné ou l’énervé sur un simple coup de tête tel un surhomme possédant des droits supérieurs à ceux des mortels. Arrêté après dénonciation d’une ex petite-amie, il passa rapidement aux aveux. Totalisant 6 meurtres et plusieurs agressions diverses, le jeune schizophrène de 26 ans se suicida en prison. La légende de Succo a nourrit l’imaginaire de nombreux cinéastes et écrivains, son physique de beau rebelle aimant les voitures de sport et la liberté sans concession ainsi que sa mort précoce rappellent étrangement James Dean mais la comparaison s’arrête là, Succo était avant tout un criminel sulfureux agissant sous l’impulsion du moment et au mépris des sentiments d’autrui. Il ne se serait certainement arrêté de tuer car semble-il, il ne supportait personne.

Albert De Salvo « l’étrangler de Boston »




Celui qui deviendra plus tard « l’homme en vert », s’introduisant chez des femmes seules en se faisant passer pour un réparateur, a démarré sa carrière criminelle très tôt. Il y a des destins qui ne s’appartiennent pas à eux même ; c’est sans doute le cas de Albert De Salvo qui grandit dans une famille de cinq sous les coups d’un père alcoolique et pervers qui n’hésite pas à avoir des rapports sexuels avec des prostituées devant ses enfants ni à vendre ces derniers à quelques voisins pour une poignée de dollars. A 8 ans, De Salvo n’est déjà plus vierge. Il deviendra nymphomane et très vite adoptera des pratiques sexuelles de plus en plus variées et perverses. Dès son enfance son père lui apprend à voler, habitude qu’il conservera toute sa vie. Ainsi tout au long de sa carrière criminelle, il commettra de nombreux cambriolages non accompagnés d’agressions, commettant par exemple quelques attouchements sans aller plus loin. Ce qui prend racine dans sa criminalité à ce moment là, c’est son complexe de supériorité et son fantasme d’omniprésence. En effet, il se plait à convaincre ses victimes de lui ouvrir, se faisant passer pour un recruteur d’agence de mannequins persuadant parfois ses victimes de se déshabiller et de se laisser toucher. Les premiers meurtres qu’il commet étaient prémédités, ils impliquaient tous des femmes âgées discrètes et solitaires. Toutes ont été retrouvées en peignoir ou pyjama, ouvert ou déchiré et dans des positions suggestives et sexuellement humiliantes. Elles ont été violement abusés à l’aide d’objets puis étranglés avec leurs propres bas le plus souvent. « L’étrangleur de Boston » se masturbait ensuite sur leurs corps. Leurs appartements ont été entièrement fouillés mais presque aucun objet n’a été dérobé. Après de long mois d’angoisse, la ville de Boston connu une accalmie. Puis les meurtres recommencèrent mais cette fois les victimes étaient jeunes et toutes avaient été violées par l’agresseur lui-même. Cette évolution du mode opératoire perturba beaucoup les services de police qui voyaient là le fait de deux agresseurs distincts. Dans cette nouvelle série de meurtres, le tueur semblait s’impliquer plus dans les scènes de crimes. Les victimes étaient ainsi mordues, recevaient des coups, et bien que la strangulation resta de mise certains meurtres furent commis à l’aide d’une arme blanche. Au contraire, le domicile des victimes était de moins en moins visité par l’agresseur. La méthode criminelle glissait ainsi du méthodique à l’impulsif. Une vague de cambriolages et de viols furent commit dans les états alentours par un « homme en vert » et De Salvo fut arrêté et sommé de s’expliquer. Il avoua être l’auteur d’environs 300 viols. Il avoua également être l’auteur des crimes de Boston mais l’on ne le crut pas et la liaison entre les viols de « l’homme en vert » et les meurtres de « l’étrangleur de Boston » ne fut pas établi à ce moment. C’est seulement alors qu’il était en prison qu’il se confia sur les crimes de l’étrangleur ce qui attira l’attention d’un codétenu qui prévenu son avocat. Interrogé par ce dernier, De Salvo avoua tous ses crimes dans les moindres détails. Malgré l’insistance de psychiatres pour qui la schizophrénie paranoïde et les pathologies sexuelles de De Salvo ne faisaient pas de doutes, il a été reconnu responsable de ses actes. Comme il l’avait lui-même demandé, il fut condamné à la prison à vie mais contrairement à sa requête et malgré le plaidoyer de psychiatres de réputation, il ne reçut aucun traitement médical et ne fut soumis à aucune étude qui aurait pourtant permit de comprendre un peu mieux la psychologie criminelle.
Ce qui est reste à l’esprit dans « l’affaire De Salvo », c’est l’incompétence des services de police pour qui la simple évolution du mode opératoire du criminel suffisait à brouiller toutes les pistes. Mais également la personnalité de ce serial killer à la fois insensible psychopathe tueur de femmes et malade mental repenti que le personnel médical et judiciaire aurait mieux fait d’écouter. A plusieurs reprises durant sa carrière criminelle, il manifesta des regrets, s’excusant parfois auprès de ses victimes justes après une agression n’ayant pas dégénéré d’attouchements à viol par exemple ou après des intrusions dans des habitations. C’est lui qui avoua les meurtres de Boston et même certains que les policiers n’avaient pas répertoriés, il manifesta à plusieurs reprises sa volonté de recevoir des soins et d’être incarcéré afin de protéger la population de sa toxicité. Albert De Salvo n’a jamais été jugé pour les 11 meurtres de « l’étrangleur de Boston », assassiné en prison il n’avait été reconnu coupable que des viols et cambriolages de « l’homme en vert ».